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La mode des bains revient à la fin du XVIIIème siècle

Après de longues décennies de rejet systématique de l’utilisation de l’eau pour l’hygiène corporelle... Vers la fin du XVIIIe siècle la tendance s’inverse. En 1783, s’installe à proximité de l’Île Saint-Louis, sous le nom de Bains chinois, un bateau dont le plancher, descendu dans le lit du fleuve, supporte des baignoires percées de trous permettant de bénéficier des eaux courantes.

Et, à la même époque, plusieurs municipalités de province, telles celles de Troyes, Dijon, Angers ou Caen, encouragent l’ouverture de nouveaux établissements. C’est aussi que l’opinion a évolué sous l’influence des philosophes de la sensibilité… Mouvement qui croise celui exprimant en littérature le goût de la campagne… Et d’une vie rustique propice à l’épanouissement des qualités naturelles. L’idéalisation, à la suite de Jean-Jacques Rousseau, d’un cadre où le promeneur peut méditer en s’immergeant dans la contemplation des lacs, des cascades et des cours d’eau… Symboles de fraîcheur et de pureté, n’est sans doute pas étrangère au retour des bains.

Influence de la reine Marie-Antoinette

Une autre influence importante a été, sans nul doute, celle de la reine Marie-Antoinette. Jeune princesse autrichienne venue épouser le futur Louis XVI en 1770, elle a des habitudes d’hygiène auxquelles elle n’entend nullement renoncer. En particulier, elle se baigne quasiment chaque jour. C’est que la théorie de la dangerosité de l’eau, si elle s’est imposée en France, aux Pays-Bas et, dans une moindre mesure, en Italie, n’a pas reçu le même accueil dans les pays germaniques.

Un règne de propreté

Devenue reine, elle sera particulièrement attentive à l’aménagement d’une vaste pièce de bains à son usage au château de Versailles. D’une propreté méticuleuse, elle se prête chaque jour à six toilettes plus ou moins importantes. Parmi le nombreux personnel affecté à ce service figurent deux baigneuses et un baigneur-étuviste. Chaque matin, on lui apporte, vers neuf heures, une tasse de café ou de chocolat accompagnée d’une pâtisserie viennoise qu’elle prend dans son lit ou à une petite table. Mais il lui arrive aussi de déjeuner dans son bain… Avec un plateau posé sur le couvercle de sa baignoire voire même d’y dicter son courrier. Elle a revêtu une chemise de baignoire en flanelle boutonnée de bas en haut… Et une charlotte de coton blanc des Indes pour protéger ses cheveux.

La toilette : un lieu de travail

La toilette de propreté qui va suivre dure de deux à trois heures. Essuyée au sortir du bain, Marie-Antoinette passe le Grand négligé du matin… Chemise de batiste ou de linon ornée de dentelle, jupon, manteau de lit et négligé de taffetas blanc. Les premiers visiteurs vont pouvoir être admis auprès d’elle. À l’exemple de la reine, le bain va retrouver une place dans les rituels de la haute société. Dans ses Mémoires, Madame Campan rapporte que l’influent abbé de Vermond, lecteur et familier de la reine, donnait audience dans son bain aux évêques et aux ministres. L’intégration du bain dans le système des représentations sociales est la preuve flagrante de son retour en grâce. Mais il faudra encore beaucoup de temps pour qu’il devienne une pratique usuelle de la plus grande partie de la société.